Maddy Warren - Run boy, run.

Allongée dans ce lit de fortune, Maddy attendait. Ils avaient dit qu'ils rentreraient. Ils avaient dit qu'ils seraient là avant le dîner. Qu'étaient-ils en train de faire, qui semblait être plus important qu'elle ? Elle se le demandait, à chaque fois qu'ils disparaissaient pendant plusieurs jours, ignorant complètement ses coups de téléphone.
Maddy était une petite fille. Une gamine âgée de huit ans, mais qui était malheureusement habituée à passer le plus clair de son temps seule. Ses parents l'avaient toujours aimé, et offert tout ce dont elle désirait, mise à part une réelle stabilité. Ils travaillaient. Ils travaillaient tout le temps. Il lui était même arrivée de ne pas les voir pendant plus de trois jours, lui laissant cependant le nécessaire, pour qu'elle puisse se débrouiller. La solitude la contrariait, mais elle ne s'en était jamais plainte. Ce train train quotidien semblait les satisfaire, les rendre heureux, et elle ne voulait point ternir leur tableau idyllique. D'autant qu'ils chargeaient l'une des voisines de veiller sur elle, et de lui téléphoner toutes les heures. C'était complètement con comme procédé, quand elle y repensait, mais sur le moment cela avait eu pour don de lui faire miroiter de l’intérêt à son égard. Alors qu'ils s'en foutaient. Ils s'en foutaient. Elle en était aujourd'hui certaine.

« Tu frappes comme une fille ! » J'en étais maintenant persuadée, mon père avait toujours désiré un garçon. Du moins, s'il aurait pu ne pas du tout avoir d'enfant, cela l'aurait encore plus arrangé. Il avait réussi à mettre ma mère enceinte alors qu'il n'avait que dix-sept ans, et elle seize. Le moins que l'on puisse dire, était qu'ils s'étaient mis tous les deux une balle dans le pied, avant même d'avoir réellement vécu. Quoi qu'il en soit, ma relation avait toujours été conflictuelle avec mes parents, sans que je n'en sache réellement la raison. Mais pourtant, je n'ai jamais manqué d'amour, et c'était ça le plus étrange. Ils m'aimaient, j'en étais certaine. Mais comme la plupart des parents forcés, ils m'aimaient mal. À l'entente de ma réponse, il me poussa violemment sur le sol, et pointa son arme sur moi. Et là, vous vous dîtes sûrement que je suis une enfant battue, maltraitée, et je ne peux vous en blâmez, ça prête à confusion. Je viens d'avoir treize ans, et comme cadeau d'anniversaire, mon père a décidé de m'offrir un entraînement intensif, pour me rendre moins « mauviette », comme il se plaisait à le dire. Son but, était qu'à l'âge de mes quinze ans, je puisse aller chasser avec eux, et que je ne me fasse pas buter dans la demi-heure.Voilà pourquoi, il m'avait sortie du lit à six heures du matin, un jour où il n'y avait pas école. Je vous le dis, sincèrement, j'ai longtemps soupçonné cet homme de vouloir ma mort. Mais c'était pour mon bien, qu'il disait.

Le premier être surnaturel que j'eus tué, fut une sorcière. Et étrangement, je n'en fus pas plus touchée que cela. Même son agoni, ne m'avait nullement fait cillé. Peut-être demeurait-ce le fruit du bourrage de crâne auquel l'on m'avait asséné depuis ma plus tendre enfance, qui faisait que leur mort n'arrivait nullement à me faire culpabiliser ; j'avais été conditionnée. Des abominations. Des erreurs de la nature. Des erreurs, qui entachaient notre monde. Des créatures qui ne devraient nullement avoir asile ici-bas, mais bel et bien en Enfer. Je me souviens de la fierté, dans le regard de mes parents. Je me souviens de la manière dont ils m'avaient congratulé, affirmant que je demeurais à présent des leurs. Mais étrangement, la gamine que j'étais ne demeurait heureuse que d'une seule chose : elle ne serait à présent plus seule.

Les années passèrent, et la chasse était presque devenue une routine pour moi, comme si j'étais née pour ça ; pour tuer. Mais la seule contrainte, était que mes parents étaient toujours derrière mon dos ; toujours. Ils étaient passés d'un extrême à l'autre, et parfois, je regrettais les jours où ils me fichaient une paix royale. Mes imprudences leur déplaisaient, et ils étaient à des mille lieux de penser qu'ils m'avaient fait subir la même chose, quand je n'étais qu'une gosse. Décidément, ils ne savaient point ce qu'ils voulaient.

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